Billet homalique des Rameaux 2007

Publié le par Votre Prieur

Le Billet homalique de frère Benoît – Dimanche des Rameaux

Frères et sœurs,

Ce dimanche, nous célébrons l’arrivée à Jérusalem de notre Seigneur, qui envoya ses disciples réquisitionner un âne pour marquer son entrée triomphante. Grâce aux effets conjugués de la Parole et des miracles accomplis de sa main dans la région, le peuple se presse pour voir Jésus. Au point de jeter sur sa route leurs vêtements. Mais que s’est-il donc passé, pour que ces gens choisissent délibérément d’acclamer un tout nouveau messie, alors que règne en maître l’orthodoxie juive ? Il s’agit ici d’une des plus belles illustrations de cœur étant, la foule choisissant de se comporter selon leur cœur, et non selon les coutumes en vigueur. En épisode évangélique qui illustre à merveille le couple loi des hommes – Loi de Dieu. Si les deux sont compatibles, si l’Ecriture nous somme de respecter les rois et les puissants, elle nous invite également à toujours écouter notre cœur ; non comme un organe pensant au sens strict du terme, mais bien comme un référent valable, susceptible de faire résonner en nous ce qui s’impose comme une évidence.

 Ne dit-on pas justement que l’homme, malgré sa nature malveillante, reconnaît le bien quand il le voit ou le fait ? C’est de cet élan impalpable, mal défini mais ô combien puissant dont parle le texte de ce dimanche. Un élan propre à ceux qui mettent leur confiance et leur foi (la foi n’est-elle d’ailleurs pas un acte de confiance avant tout ?) en Celui qui fait vibrer les fibres les plus intimes de notre être, un élan qui est présent tout au long des récits évangéliques, amenant hommes et femmes à agir de manière parfois déraisonnée à première vue, mais toujours de manière adéquate pourtant. Voilà bien une des exigences de notre temps : cesser de décortiquer l’Ecriture pour la lire et l’écouter, humblement, avec une innocence du cœur propre à ceux qui la découvrent pour la première fois. Voyez du côté de nos relations humaines : n’a-t-on aujourd’hui pas tendance à analyser et à schématiser nos rapports à l’autre, à psychologiser notre écoute et nos conseils, au lieu de laisser faire et de vivre ce qui est, au final, évident ?

Pour le Dimanche des Rameaux, l’épisode réunit l’animal, l’homme et le Dieu : trois états de la messianité de Jésus. Comme un accomplissement de la Création face à la bêtise de l’humanité, préfigurant un règne pour le moins inhabituel, puisque fait de petits moyens. Les Rameaux placent face à face l’Homme et le Fils de l’Homme, nous renvoyant, chacun, à nos propres responsabilités et convictions. Si le Christ est accueilli par des palmes, c’est pour nous rappeler que de ce végétal l’homme tire l’huile, qui servira à le chauffer, à l’éclairer et à le nourrir : symbole parfait d’un Dieu qui pourvoira à tous nos besoins. C’est aussi l’occasion de rappeler le caractère oint de Jésus, béni de Dieu et reconnu des hommes.

Dans quelques jours, nous entrons dans les chapitres douloureux de la Passion , revenant en autres sur les causes de la mise à mort de Jésus. Une condamnation pour hérésie, puisqu’ouvertement contraire à la tradition juive d’alors. Hérésie … Un thème qui nous est cher, mais comment l’approcher plus avant ? Pour les puristes, l’hérésie est une déviation doctrinale, une manière de penser autrement. Comme une tentative de revoir sans cesse ce qui fonde nos certitudes, comme une façon de remettre en cause ce que les lois des hommes cherchent à imposer. Jésus n’a-t-il pas, le premier, remis le pouvoir à sa vraie place, et Dieu au centre des réalités humaines ? Voici pourquoi, en cette approche de la Passion , nous devons nous rappeler que c’est par cette hérésie que le Christ fut condamné, comme tant d’autres après lui, cherchant à mettre en pratique ses enseignements, malgré les dogmes et interdictions d’une époque. Comme ces martyrs et ces ‘déviants’, sachons nous montrer dignes de la Parole , en la remettant sans cesse au cœur de nos interrogations, en cherchant à réexaminer ce qui fonde notre foi. Car si Jésus fut abaissé jusqu’au doute envers son Père, nous aussi connaîtrons cette nuit nécessaire à notre édification. Une démarche intérieure, forcément éclairée par la prière, et par cette ‘raison du cœur’ si difficile à définir …

Que cette marche vers Pâques soit pour vous tous et toutes l’occasion d’entreprendre ce cœur à cœur avec Dieu, éloignant l’esprit et ses troubles de votre pratique, pour qu’émergent les fruits d’une relation de cœur avec le Seigneur.

Très bonne semaine à tous et toutes,

Frère Benoît.

 

 

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