Qui étaient les Frères du Libre Esprit ?

Publié le par Votre Prieur

OLes Frères du Libre Esprit nous emmènent au XIVème siècle, époque à laquelle ils connurent leur apogée. Chrétiens dissidents issue de la vallée du Rhin, ils se constituent en communauté dès le XIIème siècle. Dès leur genèse, ils s’attirent les foudres de l’Eglise, mêlant joyeusement non-respect de dogmes en vigueur et douteux panthéisme. D’abord apparenté à la secte des Carpocratiens (consitutée au XIème siècle autour de Carpocrate d’Alexandrie, gnostique illuminé à la théologie vaguement apophatique), le mouvement se rattache ensuite Amalriciens (consituée autour d’Amaury de Benne, qui proclamait que toute action était bonne à partir du moment où elle était faite avec amour). Toutefois, la pensée de ceux qui se nomment les ‘Frères (ou les sœurs) du Libre Esprit’ s’en éloigne rapidement. De même que leur mode de vie, qui trouve dans les Béguinages une source d’inspiration, voire un modèle à suivre. Béguinages qui par la suite, grâce à leur relative liberté, pourront se permettre de les abriter, et au besoin, de les ‘couvrir’ … Avant de mener cette histoire vers un véritable scandale, qui à al fin du XVIIIème siècle, contribuera à les faire connaître.

Un personnage-clé

Apparaît alors un certain Ortlieb de Strasbourg, qui eut aussi des partisans à Cologne. A la suite des groupes de Frères répandus dans toute la France , celui-ci va en Allemagne affiner les thèses des Frères, et répandre leur doctrine auprès de communautés plus conformes. Avec un succès somme toute relatif, mais qui se propagera jusqu’en Suisse. Car si les Amalriciens, ou encore maître Eckhart assumaient leur penchant pour l’ascétisme, les Frères, eux, allèrent bien plus loin. Pour eux, la conscience d’être en communion avec Dieu, de par notre essence, suffisait à rendre l’homme libre. Une doctrine qui enleva toute notion de remords ou de culpabilité de leur vocabulaire, niant quelque peu la part de responsabilité de l’homme au sein du monde créé par Dieu.  

On sait très peu de choses de leurs pratiques cultuelles, si ce n’est qu’ils péchaient par excès … Mystiques orthodoxes et clergé catholique romain les firent donc mener au bûcher. C’est ainsi qu’ils disparurent de l’histoire, à quelques exceptions près cependant. Plusieurs groupes se réclamant de la Fraternité subsistèrent jusqu’au XVIIIème siècle, trouvant un refuge assumé par les Béguines, comme signalé plus haut. Une recrudescence de leurs idées fut adoptée par les Libertins Spirituels, qui prônaient le suivi de nos appétits comme règle de vie, abolisant le mal et le Diable comme purs produits de l’imagination. Avec ces Libertins ‘Spirituels’ se perdit dans les méandres de l’oubli toute question de Dieu.

 

 

 

Le poids des Frères

Les Frères du Libre Esprit, chrétiens légèrement amoraux, ébranlèrent les structures bien-pensantes et le clergé catholique. Il serait trop irrespectueux de leur attribuer les prémices de la Réforme , mais l’on s’accorde au moins aujourd’hui sur le fait qu’ils influencèrent des soulèvements comme celui des Flandres de 1323, de la Grande Révolte d’Angleterre de 1381, notamment. Révolutionnaires, ils se voulaient également modèles de surhomme. Millénaristes, à l’ambition monachisme, ils cultivèrent les paradoxes et les hérésies ; recette peu heureuse, qui les mena à leur perte.  

Doctrine des Frères

-          Pour les Frères, si la période du Fils nécessite encore des sacrements, la période du Saint-Esprit lui succédant n’en a nul besoin.

 -          Les Frères abolissent les cérémonies extérieures et les rituels surfaits, préférant cultiver la communion intérieure de l’homme avec Dieu, par le Christ. Une idée qu’on retrouvera d’ailleurs dans les écrits de George Fox, fondateur du Quakerisme.

 -          Les Frères proclament que Jésus n'a pas été autrement Dieu que tout homme qui se sait un avec lui, réaffirmant le caractère pleinement humain du Christ. Son caractère divin reste lui assez flou.

 -          On leur reproche leur spiritualisme exacerbé, de même que l’état auquel prétendent accéder ceux qui sont emplis du Saint-Esprit. Pour les Frères, qui a l’Esprit devient parfait, ou en tous cas, ne pèche plus.

 -          Le Concile de 1210 les déclara hérétiques.

 -          Certains membres de la Fraternité allèrent jusqu’à dire que l’âme humaine était le Saint-Esprit, donné par Dieu, et repris par Lui à la mort.

-          Pour les Frères, il n’y a plus ni purgatoire, ni enfer.

 -          Que l’homme parfait est fils de Dieu, au même titre que Jésus-Christ

 -          Que la Passion du Christ n’a de valeur que celle des symboles qu’elle utilise

 -           Les Frères reconnaissaient que Dieu est tout, mais que le monde était manifestation éternelle.

 Le ‘credo’ des Frères

L'esprit de l'homme est un avec Dieu;
Adam, qui a eu conscience de cette unité, l'a perdue par le pécbé
L'arche de Noé est l'église spirituelle une première fois rétablie ; de nouveau menacée de ruine, elle a été restaurée par Jésus-Christ, qui avait été amené à la connaissance de la vérité par sa mère;
le Verbe s'était fait chair, quand les paroles de Marie étaient entrées au coeur de son fils ;
la passion de celui-ci a consisté dans la pénitence qu'il avait dû faire avant sa régénération, elle est soufferte par quiconque aspire à devenir fils de Dieu ;
dans le premier âge de l'humanité le Père a régné seul ;
le Christ est devenu la deuxième personne de la trinité (!), la troisième est saint Pierre, dans lequel s'était incarné le Saint-Esprit.


Notons pour l'anecdote que Jérôme Bosche semble avoir appartenu à la Confrérie Notre-Dame , très proche des Frères du Libre Esprit. 

 

 

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