15 - En mémoire du 20/11/2005

Publié le par Votre Prieur

Frères et sœurs,

La grisaille s’installe et les journées rapetissent. Le monde entier nous fait part de sa déprime saisonnière alors nous nous apprêtons à entrer dans l’Avent. Un adventus, une attente, qui depuis Grégoire 1er, nous prépare à la grande fête de Noël. Bizarre ou pas, les guirlandes sont déjà au Brico, alors que les crèches étaient déjà mises place au Carrefour avant Halloween. Y a plus d’saisons, ma dame ! Une fois de plus, et sans doute en manque d’imagination, l’Eglise a établi ce temps comme un temps de lumière, avant le grand flash de l’Emmanuel. Sortez cierges, chauffe-plats et loupiotes de circonstances ! Si l’Avent n’est pas une fête, Belgacom va pourtant célébrer ça. Un temps de lumière, pourquoi pas. D’autant que comme à son habitude, la tradition puise légèrement dans le païen, à l’époque où on chassait l’obscurité à coups de balais en paille et qu’on priait la lumière de revenir tout en buvant le meilleur hydromel de la région. Ce n’est pas Saint André qui ouvre l’Avent, même si on lui attribue à tort d’être en quelque sorte el saint patron de cette période de transition. Toutefois, début d’Avent rime pour le calendrier avec début du Livre. C’est le lion rugissant de Marc qui criera son étonnement dans les nuits de novembre et décembre, avant les résonances des trompettes de Maurice André.

 

 

Pour l’Avent, on vante les mérites d’une coutume allemande, importée avec le sapin de la même nationalité par la guerre : la couronne. Pour rythmer les dimanches d’Avent, pour patienter, pour faire joli. Tout le monde aura oublié, bien sûr, que la couronne reste l’un des outils de torture du Christ. Je m’interroge dès lors de voir parfois des lutins en résine se promener entre les feux, ou les Bambi de plastique se balader entre les épines avant de se retrouver englués sur la bûche …

 

 

Alors on attend, comme on attend les saisons, comme on attend  l’augmentation de salaire, comme on attend que ses supérieurs arrêtent de jongler avec des concepts qu’ils ne maîtrisent pas. On attend que le mal de crâne passe, on attend que la messe soit finie, on attend que l’eau soit chaude, ou que le chien ait fait ses besoins là où il faut. Ici, pas de culture de l’attente, on paraît au plus pressé.  On court, on vole, à la recherche d’un bonheur perdu depuis la fameuse pomme qui nous a sortis de notre enfantine innocence. Et quoi de mieux qu’un enfant de Noël, pour nous réapproprier cette innocence perdue ? Mickael Jackson l’a compris depuis longtemps : la religion chrétienne est l’incarnation parfaite du syndrome de Peter Pan. Alea jacta est.

 

 

Gelassenheit : le mot magique qui ouvre les portes. Un mot bizarre que seuls es mennonites osent encore employer. On peut le traduire par soumission, ou par abandon. Cet engagement sociétal qui nous replace dans un rapport à l’autre sans cesse échelonné jusqu’au TOUT Autre. Le sujet méritera qu’on s’y arrête plus amplement. Plus tard. Il vous faudra attendre. Au moins tout l’Avent.

 

 

Pour l’heure, ma tête se fait lourde, et un début de rhume vous empêchera de subir les foudres de mes pensées obscures. Tout est électricité.

 

 

 

 

Pour finir, tout en étant conscient de vous laisser sur votre faim, une citation de Erri de Luca, sombre inconnu qui disait : « Seules les femmes, les mères, savent ce qu'est le verbe attendre. Je crois humblement que Marie nous l’a amplement démontré.

 

 

 

 

Bon Avent à tous et toutes,

 

 

Votre ami dans la foi,

Votre Prieur

 

 

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