16 - En mémoire du 22/02/2006

Publié le par Votre Prieur

Frères et Sœurs,

Ces semaines-ci, entre la ridicule histoire d’un prophète de seconde zone réduit à l’état de crayonné-qui-fait-peur et les lettres de Saint Paul, difficile d’y retrouver son latin. Plantu a frôlé l’infarctus et Ringlet a dit : « Dieu s’en fout qu’on le caricature, mais ce qui l’attriste, c’est quand on caricature l’homme ». Merde alors, moi qui croyait que caricaturer l’homme, ça s’appelait l’autodérision. J’ai mal du mal lire les mémoires de Stéphane Bern. Quoiqu’il en soit, l’Avenir du Luxembourg a bien fait son boulot, et nous a offert trois belles photos de celui que le pompeux journaliste osa qualifier de ‘BHV catho’… Bref. En clair, il y aura toujours un coin du voile (comme c’est drôle) à soulever sur cet épais mystère : pourquoi La Croix a-t-elle reproduit les fameuses caricatures, alors qu’elle avait condamné la très esthétique affiche de Marithé et François Girbaut ? Allez savoir. Tout ceci m’insupporte au plus haut point, et, tout comme Saint Paul concernant la question de la nature du corps post-résurrection, je ne puis qu’adopter une seule attitude : le consensus mou.

 

 

 

 

Le saviez-vous ? Il n’y a pas si longtemps, Raymond Coumans nous a quittés. L’artiste philosophe, et peintre néo-expressioniste notamment de l’étiquette de la Kriek Cantillon aimait à dire : « Oui c’est vrai, mais c’est très rare », avec un accent à couper le beurre à la paille en attendant que le service public ferme. De lui, on retiendra encore : « Pour ma part, je ne pourrais pas être heureux en plastique ». Comme une invitation à reconsidérer cette bonne vieille terre à frites comme un havre de préfabriqué néo-suédois … Chapeau bas.

 

 

 

 

Bon, c’est pas tout ça, mais la spiritualité n’attend pas. Back in your bibles ; la semaine dernière, on pouvait y lire : « Jésus était de retour à Capharnaüm, et la nouvelle se répandit qu'il était à la maison. 2 Tant de monde s'y rassembla qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte. Il leur annonçait la Parole. 3 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes. 4 Comme ils ne peuvent l'approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé ». Imaginez-vous la scène : vous êtes un Messie, peinard dans vos charentaises et paf ! Voilà qu’une foule d’éclopés déboulent à la maison. Puisque votre essence divine vous l’impose, vous souriez et leur proposez quelques Doritos en attendant le vrai spectacle. La mise en confiance, le linge blanc, tout ça, vous connaissez, et à vrai dire, maîtrisez. Et voilà qu’on vous pète votre toit, en attendant que vous applaudissiez la scène… La scène a de quoi faire rire, ou de quoi étonner ; qui oserait en effet s’introduire chez autrui, pour exiger un miracle, si ce n’est celui qui s’est abandonné en celui qui devint son sauveur ? Derrière la concordance de temps un brin hasardeuse, l’étonnante habilité de l’esprit humain à disjoncter en présence de Dieu. Voyez par exemple ce même Paul, lorsqu’il tomba tel un crabe arboricole endormi de son cocotier équidé. Le voici pattes en l’air, jetant les bras par-dessus le pinceau de Caravage pour attraper ce Dieu qu’il cherchait dans la mystique juive avant de le découvrir sur la route. Dieu dérange, et Dieu bouscule. Dieu chamboule et Dieu déplace. Un double ‘d’, qui en font quatre, qui en font huit, dans une multiplication sans fin des plaisirs divins.

 

 

 

 

Dis-nous, Odon vallet, le vent du changement va souffler … mais quand ? 

Votre Prieur 

 

 

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