17 - En mémoire du 27/02/2006

Publié le par Votre Prieur

Frères et sœurs,

 

 

Cette semaine marque quelques temps primordiaux pour notre évolution dans la foi, pour notre formation commune, mais également pour le retour aux sources de toute Eglise ; car en ces fins de jours de février, l’Eglise s’apprête à se rassembler. Un rassemblement peu couru, puisque non-eucharistique. Peu fréquenté, puisque sans intérêt : l’appel décisif. Une appellation totalement arbitraire qui nous renverra à cette célébration des nouveaux convertis au sein de la communauté chrétienne. Dans quelques jours, ils seront 35 à dire ‘oui’ au chemin qui les mènera au baptême. Un événement qui compte sur toute la communauté chrétienne, fière de pouvoir prodiguer à ces nouveaux venus les conseils et soutiens promis. Il est donc assez légitime de s’attrister devant le peu de volonté qu’ont les frères et soeurs d’aujourd’hui, dédaignant ce type non pas de rassemblement, mais de célébration et de remerciement à dieu de nous avoir envoyé ses ouailles. Si nous ne nous soucions pas de leur baptême, cela signifierait-il que nous avons tout autant oublié le nôtre ? Forcément, me répondrez-vous avec raison, nous n’étions que bébés. Hélas, oui ; encore un tour de passe-passe qu’on mettra sur le dos de la tradition qui, je le rappelle, fait partie – pour certains – de la Révélation. Passons. Un baptême donc, histoire de faire comme mamy, ou d’au moins ‘lui donner une chance dans le vie, au petit’. Tu parles. Comme si on se mariait juste au cas où on aurait peur de s’éclater la tête en rollers. Soyons sérieux : en dehors de tout choix, quelle valeur peut bien avoir ce fameux ‘sacro-saint sacrement(el)’ ? Plongez-vous dans la question, et vous réussirez très rapidement à comprendre le saut nécessaire qu’il vous faudra faire pour entrer de plain pied dans la vie chrétienne. Trop tard ? Mieux vaut tard que jamais. Pas nécessaire ? Pas nécessaire non plus de prier, si on y va comme ça … Toutefois, et si mes métaphores faciles et indigestes vous touchent toujours, n’oubliez pas que l’eau efface et la saleté et le goût de la cendre.

 

 

 

 

A autre lecture, autre commentaire. Celui qui nous occupera aujourd’hui est du plus haut intérêt, puisqu’il concerne nos estomacs. Quoi de plus amusant en effet, de voir combien l’Evangile s’occupe de nourrir nos viscères avant de penser à notre tête. Car ‘ce n’est pas ce qui entre dans le corps qui est impur, mais bien ce qui en sort’, nous dit Paul. Un verset fabuleux qui pourrait facilement déraper dans des comparaisons que je vous laisse le soin d’imaginer. Revenons à nos moutons avec le chapitre 2 de l’Evangile de Marc : « 18 Une paire de péricopes passait par là ; Jean-sans-peur en tête, pharisiens suivant. Ils demandèrent au Rabbi : pourquoi devons-nous nous tordre de faim, alors que tes disciples semblent bien digérer ? 19 Yeshoua leur répondit : les amis de l’Epoux doivent-ils jeûner tandis que l’Epoux est parmi eux ? ». La réponse est claire : si l’époux, le promis, l’ami, le mari, la femme, l’amie, la compagne, la famille ; ou un de ceux-ci est à la fête, pourquoi donc refuser de s’alimenter ? les retrouvailles sont prétexte à manger et à boire ; n’est-ce pas ce que nous faisons chaque fin de semaine ? Nous retrouvons le Fils de Dieu, et pour sceller à nouveau les liens vinicoles qui nous unit à Lui, nous mangeons et buvons. Selon marc, Jésus est avec ses disciples ; il est dès lors évident qu’ils devaient jouir des plaisirs de la table. La règle instituée par Christ est enfin d’un simplisme déconcertant : il est là, tous à vos marques. Il est pas là : stop.

 

 

Ceci pour nous amener en douceur vers une des frustrations catéchétiques de tout enfant : pourquoi imposer et restreindre à un temps précis la pratique hautement conseillée du jeûne ? Pourquoi l’imposer durant un Carême qui joue l’équilibriste entre deux chaises ? Les grands théologiens nous apprendront que ce temps d’abstinence fait mémoire du désert éprouvé par Jésus, ou inversément. Sauf que nous ne croyons pas en sa mort, mais bien en sa mort et en sa résurrection. Nous ne croyons pas au temps de désert, sans le concevoir en même temps que son retour auprès des disciples. Chrétiens, nous célébrons les victoires ; tandis que d’autres en sont encore à commémorer les batailles et les épreuves. Ceci pour dire que nous ne mettrons jamais en avant l’épreuve des moyens sans voir pointer l’aboutissement de la démarche. 

 

 

 

 

Conclusion ? Christ a traversé son carême, son sacrifice, son désert, son supplice, pour être à nos côtés, lorsque nous nous rassemblerons en son nom. L’époux aujourd’hui est présent aux noces d’une humanité fiancée depuis la création avec son tuteur. D’une filiation indirecte qui nous évite l’inceste de justesse. Bref. Aujourd’hui, l’époux célèbre ces noces ; pourquoi donc jeûnerions-nous ? Comme dirait mon hamster savant enfin sorti du coma : « Mieux vaut un jeûne bien pesé qu’une prothèse pas vraiment méritée ». Un adage bien connu au pays des lemmings, qui sous des dehors tout sauf sapientels, nous montrera – une fois de plus – qu’une démarche choisie et assumée est toujours préférable à une pratique imposée et refoulée. Quand elle ne tend pas à être tout simplement oubliée…

 

 

 

 

Chers amis, chers amies, le temps est venu cette semaine d’ouvrir les portes à celui que nous avons tous été : Paul. Celui qui, avant d’être oint de la connaissance de Dieu, courait après les chrétiens comme Mozart après les femmes : avec âpreté et détermination. Il vous faudra sonder avec humanité et sincérité le plus sourd de votre cœur pour parvenir à retrouver la conscience. Un chemin qui nous conduira jusqu’à Pâques, si la tête vous en dit. Dans les Lettres de cette semaine, on peut lire : « La lettre tue, mais l’Esprit fait vivre ». Je prie pour que l’Esprit vous iont.., vous oign., vous onctionn.., bref, vous donne toute la force nécessaire pour entrer dans un cheminement qui soit un temps soit peu compatible avec celui enduré par le Maître.

 

 

 

 

En laissant vos esprits au repos, je ne peux résister, en vous soumettant cette brève méditation : « Après cela, j'entendis dans le ciel comme une voix forte d'une foule nombreuse qui disait : Alléluia ! Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu, parce que ses jugements sont véritables et justes ; car il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par son impudicité, et il a vengé le sang de ses serviteurs en le redemandant de sa main. Et ils dirent une seconde fois : Alléluia !... et sa fumée monte aux siècles des siècles ». Un extrait de l’Apocalypse qui ouvre d’autres chemins de réflexion. Une enquête qui durera jusque Pâques, baptisée : « Qui est la Grande Zoa  ». Tout à fait sérieusement.

 

 

 

 

Sur ce, je m’en remets à Dieu, pour qu’il vous comble de ses bienfaits, et vous soutienne dans les combats quotidiens que vous menez. Que l’Esprit vous aide à entrer dans cette montée vers Pâques loin du dogme, mais proche de l’homme qui souffrit au point d’y laisser sa peau …   

 

 

 

 

Que Dieu vous garde !

 

 

 

 

Votre bien-aimé pasteur,

 

 

Votre prieur.    

 

 

Publié dans Les billets homaliques

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